Le récit de Yannick Haenel est celui d'une fascination : profondément requis par les innombrables nus peints par Pierre Bonnard, l'auteur se confronte à la multiplication entêtante des corps, s'immerge dans leurs tons vibrants. De ce miroitement s'élabore une pensée qui cherche à saisir la source du « feu », à situer le lieu du désir dans ces bouquets de couleurs, cette « provision d'étincelles » qui comble en nous « une soif de lumière ». L'écriture prolonge alors le geste du peintre : « Les instants ont trouvé leurs couleurs, et notre regard, en prenant la suite de Bonnard, les rafraîchit. Nous continuons la peinture en écrivant sur elle. »