Polar et postmodernité
Né au coeur de la tourmente transformationnelle
qui caractérise les États-Unis et l'Europe
au XIXe siècle et qui s'incarne aussi bien
au niveau culturel qu'économique, politique,
scientifique et sociétal - le polar incarne
la contradiction par excellence. En effet, ses
détracteurs disent de lui qu'il est à la fois
populaire et inclassable, les aficionados y
voient a contrario un genre riche à l'infini,
se nourrissant aussi bien de la science que du
social, et qui inclut aujourd'hui des oeuvres
aussi diverses et variées que celles d'Agatha
Christie et Georges Simenon, en passant par Sir
Arthur Conan Doyle ou encore Stieg Larsson.
En amont de son travail de recherche, Marc
Blancher substitue au terme « roman » policier
celui de « forme » policière et interroge le
terme même de « policier », tant l'objet, aussi
culte soit-il sous cette désignation, est on ne
peut plus mal nommé, eu égard à ce qu'est sa
réelle substance, et surtout trop facilement
rapporté à la modernité qui l'a vu naître. Et
si le polar avait incarné une postmodernité
avant l'heure ? L'auteur présente, interroge et,
le cas échéant, propose des alternatives aux
(fausses) pistes empruntées pour traiter cet
objet, et il le fait via la mise en abyme d'un
genre qu'il aime trop pour ne pas se faire un
devoir de le soumettre à la critique.