« Le sauvage sort des zones où l'on pensait depuis longtemps l'avoir confiné, s'immisce dans le territoire des humains, y provoquant des désagréments divers qui révèlent des conflits de souveraineté. Il s'agit d'un problème de géographie politique : comment la mobilité animale rebat les cartes de l'aménagement du territoire. »
Le flamant rose nichait régulièrement en Camargue, jusqu'aux années 1960. Après de nombreux efforts de surveillance, de comptage, de baguage, de création de site de reproduction, de gestion de l'eau, l'espèce se reproduit à nouveau et a retrouvé des effectifs importants : elle n'est plus menacée.
Mais un îlot créé à la pelle mécanique, surveillé de près par scientifiques et gardiens, dans un bassin de préconcentration d'une exploitation industrielle de sel de mer, ce n'est pas vraiment l'idée qu'on se fait du sauvage.
L'histoire du sauvetage du flamant rose révèle un vaste réseau d'acteurs qui participent à la protection de la nature, en particulier dans le cadre du plus grand projet de restauration écologique d'Europe. Dans l'ombre de ce succès, se dissimulent de nombreuses questions sur l'état de la nature et des relations que nous entretenons avec elle.
Politiques du flamant rose raconte, au plus près du terrain, les histoires, les conflits et les alliances d'un territoire - et invite à penser les conditions de coexistence avec le reste du vivant.