La décentralisation éducative en France a quinze ans et n'a été que trop peu étudiée. La question de la construction de territoires éducatifs aux dimensions de politiques locales devenues incisives est pourtant au coeur des controverses sur les nouveaux modes de l'action publique.
Tel est bien le projet de cet ouvrage : s'interroger sur les places respectives de l'Etat, des décideurs territoriaux et des acteurs locaux dans l'impulsion et la mise en oeuvre de l'éducation. Ce déploiement des parties prenantes a suscité une frénésie évaluative : l'évaluation veut apporter les éléments de référence nécessaires au débat comme à la régulation, mais fournit aussi des armes redoutables. Il faut dire que la concurrence est devenue rude et que dénonciations et querelles vont bon train.
Est-on alors vraiment passé d'un pilotage étatique central à un gouvernement territorial de l'éducation ? Faut-il parler de politiques éducatives territoriales ou simplement territorialisées ? Assiste-t-on à la (re)naissance d'une France éducative des notables ? Ces questions sont ici traitées à travers l'analyse d'une série d'actions originales, que l'on jugera innovantes ou contestables, selon le point de vue adopté. Elles ont en commun de résulter d'initiatives de collectivités territoriales ou de communes, en écho à des attentes locales auxquelles l'Etat, le ministère, le rectorat ne sauraient pas répondre. Ce qui est essentiel ici, c'est ce qu'en disent ceux qui ont participé à ces actions, volontaires ou réticents, mobilisés ou entôlés, tactiques ou critiques.
L'ouvrage propose donc une sociologie rapprochée de l'action publique éducative, centrée sur l'émergence du territoire. En cela, il affirme une méthode d'enquête et d'analyse adaptée à un objet mal identifié. Surtout, pour le lecteur, il se présente comme un ouvrage de sociologie vivante.