«Ultérieurement, on eut tôt fait de vivre comme si ces sept ans-là n'avaient été que la juxtaposition d'une entrée et d'une sortie, séparés par le pur ennui, le désintérêt pur, le pur vide. Ce premier jour de sixième (où nous préparions déjà sans le savoir nos peurs de conseil de révision) et ce dernier de terminale (où nous jetâmes les cahiers de math dans la bouche d'égout de la rue Flatters) auraient ainsi été ramenés et plaqués l'un sur l'autre comme les deux claviers d'un accordéon vidé de son air.»
Roman, ode, témoignage et chimère, Port-Ponant est tout cela à la fois. Déposition par formules lexicales amples - servies avec une gourmandise non dissimulée-, inventaire ludique dicté par la beauté des noms, ce récit témoigne d'un temps - sept ans - celui du lycée dans une ville de l'Ouest des années cinquante et de tout un monde composé en mémoire et rendu, cartographié par les couleurs, les odeurs et l'histoire d'une cité réinventée. Les mots suivent, font leur chemin et brodent une adolescence nourrie de sensations, tout autant qu'ils la fouillent.