Au début de sa carrière d'universitaire et de penseur,
Eric Werner avait été pris comme modèle
pour un portrait par le grand peintre polonais
Joseph Czapski.
Incomprise, mal aimée, cette oeuvre était restée
dans l'ombre durant des décennies. En la redécouvrant
à l'âge mûr, l'auteur de ce livre comprend
enfin le message que l'artiste défunt lui
avait légué : le miroir de sa propre personne avec
trois décennies d'avance !
Partant de cette révélation, Eric Werner se lance
dans une introspection bouleversante, tissant
autour d'un tableau la trame de sa propre vie,
des époques traversées, des idées épousées,
contestées ou combattues.
Protagoniste de la scène intellectuelle suisse et
francophone, philosophe politique audacieux,
professeur et témoin, Werner nous livre une
réflexion magnifique sur le temps, la fragilité
des idées et des convictions, et nous emmène
avec lui à la poursuite du noyau même de son
être intellectuel et émotionnel. Osant affronter,
pour la première fois, des spectres qui ont,
consciemment ou non, façonné son existence :
l'incompréhension et le conflit avec son père,
une conversion religieuse hésitante, des engagements
publics motivés par l'éthique plus que par
la conviction politique.
Après cet essai vertigineux et très personnel que
fut La Maison de servitude, Eric Werner propose
ici un voyage intérieur cruellement lucide, toujours
intelligent et étrangement poétique qui est
peut-être l'un des chefs-d'oeuvre de l'autoportrait.