Portrait d'un danseur en exil
La présente étude est le fruit de la rencontre entre un danseur un peu sociologue et un sociologue un peu danseur. C'est au
cours du printemps 2011 que j'ai découvert le travail artistique d'Afshin Ghaffarian, jeune danseur iranien en exil en France depuis 2009. En 2013, ce dernier présente Une trop bruyante solitude, un spectacle de danse/théâtre librement inspiré du roman éponyme de l'écrivain tchèque Bohumil Hrabal. Tour à tour victime et bourreau, créateur et destructeur, gardien de la
mémoire comme de l'oubli, le danseur se change peu à peu en créature pour interroger la complexité de notre temps et de son
accélération tous azimuts. En filigrane, c'est aussi la complexité de son propre rapport au pays d'origine que l'artiste entendait
livrer aux spectateurs, faisant de la création d'Une trop bruyante solitude une véritable « odyssée de la réappropriation ». En revenant sur la genèse de cette création de même que sur la démarche artistique d'Afshin Ghaffarian, cette étude entend ainsi explorer, au moyen d'un portrait ethnographique exigeant, la complexité des liens entre « création » et « biographie », « singularité artistique » et « condition exilique ».