Où va l’Europe ? Chacun se le demande, alors que des institutions supranationales se mettent en place en ne suscitant pas moins de craintes que d’espoirs. A cette question, l’archevêque de Paris répond, avec la vigoureuse originalité qu’on lui connaît, par une autre : d’où vient l’Europe ? Elle a reçu la grâce filiale du baptême, où s’est forgée son identité. Mais elle a aussi cédé à la tentation de la renier, en se livrant à la traite des noirs et à des guerres fratricides, puis en prétendant, avec les idéologies – dont le libéralisme radical est le dernier avatar – se passer du Père des cieux. Si l’histoire de l’Europe est fondamentalement spirituelle, son avenir se joue, encore et toujours, là où la Révélation du Dieu de la Bible et de l’Évangile épanouit la culture. Pour se construire, l’Europe ne peut aujourd’hui se contenter de reproduire le modèle qu’ont édifié, aux États-Unis d’Amérique, ceux qui l’avaient fuie. Elle doit inventer un nouvel art de vivre en commun, en se rappelant les capacités d’intégration que lui a données la foi chrétienne au premier millénaire et que n’ont pu étouffer les errements des derniers siècles écoulés. Ainsi, les idéaux français de liberté, d’égalité et de fraternité, s’ils demeurent éprouvés avec la modernité qu’ils caractérisent, gardent pour la culture européenne de demain, et même pour l’avenir du monde, la valeur et l’actualité que leur confère leur enracinement chrétien.

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