Pour Marx
Ce recueil d'articles, publié pour la première fois en 1965 aux Éditions François Maspero, a connu un succès exceptionnel pour un ouvrage théorique : quinze tirages (soit 45 000 exemplaires) et de très nombreuses traductions. Comme le notait Élisabeth Badinter dans Combat du 25 avril 1974 : « Les étudiants et les intellectuels marxistes découvrirent Althusser et à travers lui, sinon un nouveau Marx, du moins une nouvelle façon de le lire. Depuis la Critique de la raison dialectique de Sartre, Althusser est le seul philosophe à proposer une interprétation vraiment originale des oeuvres de Marx. »
Depuis les années 1960, les études marxistes n'ont pu ignorer cette approche qui établissait une « coupure épistémologique » dans l'oeuvre marxienne, séparant les textes idéologiques du jeune Marx de ceux plus scientifiques du Marx de la maturité. Elle offrait aussi une autre évaluation de l'apport de Hegel à Marx et n'hésitait pas à s'inspirer des réflexions philosophiques de Mao Zedong pour nourrir sa propre philosophie. Rares sont les livres ayant suscité autant de passions théoriques et provoqué autant de débats.
« Comment expliquer une telle influence ? D'abord, évidemment, par la nouveauté qui caractérise, dans les années 1960-1965, sa lecture de Marx. Lecture " symptomale ", au sens freudien du terme, c'est-à-dire attentive au non-dit tout autant qu'au discours explicite... Il s'agit d'en finir avec la version humaniste, bavarde et idéologique du marxisme vulgaire et de donner le jour à une véritable pratique révolutionnaire, fondée sur un savoir rigoureux. »
Le Monde