Dans l'histoire humaine, la fabrication des images atteste une persistance et une continuité au moins égales à celles de la «question de soi», que l'homme n'a jamais cessé de se poser. Pourtant, une science générale de l'image nous fait encore défaut, qui saurait rendre compte de cette unité symbolique fondamentale de l'activité humaine.
Parallèlement à l'histoire de l'art et aux disciplines intéressées par les dispositifs techniques de production et de transmission des images, la perspective anthropologique en est une vision ouverte, qui met au jour des correspondances dans le temps et l'espace, révèle des affinités inaperçues entre les productions iconiques les plus anciennes du genre humain et celles qu'on s'est peut-être empressé trop vite de dire «nouvelles», images numériques ou représentations élaborées par l'imagerie scientifique.
Hans Belting met ici ses réflexions à l'épreuve de divers types d'images, prélevées au fil de l'histoire humaine, depuis les images du culte des morts de l'Antiquité jusqu'aux images «virtuelles» contemporaines, en passant par la photographie, la théorie de l'ombre chez Dante ou l'analyse de la rivalité qui opposa quelque temps, à l'aube de l'humanisme et de l'émergence du sujet, blason et portrait.