La parole politique et le débat public sont désorientés. Toute discrimination et toute distinction collective semblent relever d'une intention raciale. Dans le même temps, il est question de gommer le terme " race " de notre Constitution. Les sciences sociales observent les progrès des connaissances dans les domaines de la génétique comme menace pour elles-mêmes et peut-être pour la société. Si les progrès des sciences de la vie ne renforcent pas les inepties de la pensée raciste, ils ne les dissipent pas non plus.
Dans ce moment de tensions politiques et d'incertitude intellectuelle, l'histoire de la formation des catégories raciales offre des repères pour notre époque. Le dépaysement dans le temps et dans l'espace, qui demeure le propre de l'histoire, est sans doute la voie la plus efficace pour mieux comprendre ce qui nous arrive.
L'histoire raconte comment les sociétés et les institutions ont fait et font appel à la " différence naturelle " pour créer et recréer de la division en leur sein. C'est cela la politique raciale à l'âge contemporain : s'en prendre aux Afro-Américains, surtout lorsqu'ils deviennent citoyens, et imaginer le Juif biologique pour contrer l'intégration des juifs.
L'histoire permet de comprendre en quoi la " race " est de part en part politique.