L'ambition proposée est immense : que
l'Europe et l'Amérique acceptent, chacune pour
sa part, qu'une époque de l'Histoire a pris fin,
et renoncent à exercer seules des compétences
qu'elles sont désormais impuissantes à assumer.
Une révolution des esprits permettra de créer
l'Union occidentale. Nul risque de relancer
ainsi le «choc des civilisations». Le dialogue
pacifique entre elles suppose qu'elles se parlent
d'égale à égale, qu'elles se comprennent et se
respectent mieux.
Une fois organisé, l'Occident, moins imbu
de sa supériorité, plus conscient de ses limites,
ayant renoncé à imposer sa domination comme
remède au sentiment de vulnérabilité qui
l'habite, sera regardé avec d'autres yeux par
les peuples du monde. Il renouera ainsi avec
sa mission séculaire, celle que les drames du
XXe siècle lui ont fait perdre de vue : proposer
au monde une conception commune qui l'unisse,
un universalisme sans uniformité.