Les raisons de se révolter ne manquent pas. Mais,
en démocratie, s'engager dans un combat contre l'injustice,
l'inégalité ou la domination est un geste qui
doit s'exprimer sous une forme d'action politique acceptable.
Parmi ces formes se trouve la désobéissance
civile : elle consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon
non violente, collective et publique, de remplir une
obligation légale ou réglementaire parce qu'il la juge
indigne ou illégitime, et parce qu'il ne s'y reconnaît
pas. Cette forme d'action est souvent considérée avec
méfiance : pour certains, elle ne serait que la réaction
d'une conscience froissée, puisqu'elle n'est pas articulée
à un projet de changement politique ; pour d'autres,
elle mettrait la démocratie en danger en rendant légitime
un type d'action dont l'objet pourrait être d'en finir
avec l'État de droit.
Ce livre original, écrit par un sociologue et une philosophe,
analyse le sens politique de la désobéissance,
en l'articulant à une analyse approfondie des actes de
désobéissance civile qui prolifèrent dans la France
d'aujourd'hui - à l'école, à l'hôpital, à l'université, dans
des entreprises, etc. Il montre comment ces actes s'ancrent
avant tout dans un refus de la logique du résultat
et de la performance qui s'impose aujourd'hui comme
un mode de gouvernement. À la dépossession qui le
menace - de son métier, de sa langue, de sa voix -, le citoyen
ne peut alors répondre que par la désobéissance,
dont le sens politique doit être pensé.