Aimer quelqu'un qui ne veut pas s'engager, être déprimé après
une séparation, revenir seul d'un rendez-vous galant, s'ennuyer
avec celui ou celle qui nous faisait rêver, se disputer au quotidien :
tout le monde a fait dans sa vie l'expérience de la souffrance amoureuse.
Cette souffrance est trop souvent analysée dans des termes
psychologiques qui font porter aux individus leur passé, leur famille,
la responsabilité de leur misère amoureuse.
Dans ce livre, Eva Illouz change radicalement de perspective et
propose une lecture sociologique de la souffrance amoureuse en
analysant l'amour comme une institution sociale de la modernité.
À partir de nombreux témoignages, d'exemples issus de la littérature
et de la culture populaire, elle dresse le portrait de l'individu
contemporain et de son rapport à l'amour, de son fantasme d'autonomie
et d'épanouissement personnel, ainsi que des pathologies
qui lui sont associées : incapacité à choisir, refus de s'engager, évaluation
permanente de soi et du partenaire, psychologisation à
l'extrême des rapports amoureux, tyrannie de l'industrie de la mode
et de la beauté, marchandisation de la rencontre (Internet, sites de
rencontre), etc. Tout cela dessine une économie émotionnelle et
sexuelle propre à la modernité qui laisse l'individu désemparé, pris
entre une hyperémotivité paralysante et un cadre social qui tend à
standardiser, dépassionner et rationaliser les relations amoureuses.
Un grand livre de sciences sociales sur le destin de l'amour dans
les sociétés modernes.