L'institutionnalisation de fait des créoles à base lexicale française a été consacrée par la création, en l'an 2000, du CAPES de créole, concours transversal qui intègre dans un même dispositif le guadeloupéen, le guyanais, le martiniquais et le réunionnais, sans pour autant se fermer aux autres créoles de la zone américaine (dominiquais, saint-lucien, haïtien, louisianais) et de la zone de l'Océan Indien (mauricien, seychellois). Ces langues vernaculaires n'ont pas été préparées à exprimer des réalités sortant du cadre traditionnel marqué par une culture de type essentiellement rural. Pourtant, l'extension massive de leurs domaines d'emploi par le canal des médias de masse et, bientôt, des pratiques scolaires est de nature à les mettre en demeure d'assumer dignement tout le champ du dicible.
Une des premières tâches du créoliste (qu'il soit pédagogue ou linguiste) est de développer la grammaticalisation du créole. Activité qui s'entend de deux façons : d'une part, favoriser la prise de conscience, par les créolophones, des structures grammaticales (phonologiques, morphologiques, syntaxiques, sémantiques, rhétoriques, discursives) de leurs langues ; d'autre part, fabriquer des outils descriptifs propres à soutenir et accompagner le parcours d'une langue précédemment minorée au sein de l'institution qui était le vecteur de cette minoration.
Ce Précis de syntaxe créole, qui fait suite à divers travaux descriptifs de l'auteur, s'inscrit dans la perspective d'un aménagement linguistique de plus en plus systématisé des langues créoles.