La dactylographie d'«Albertine disparue» corrigée par Proust en
1922 (Grasset, 1987) a révélé à un degré encore insoupçonné
l'inachèvement d'À la recherche du temps perdu à la mort de son
auteur, déstabilisant le discours critique. Le présent ouvrage dresse
le bilan de la question. Il retrace la genèse du texte en 1922, en la
resituant dans le contexte d'une ambitieuse série éditoriale
comptant jusqu'à «cinq, sinon six» Sodome et Gomorrhe. Il dégage
la pertinence de gestes d'écriture qui mettent en oeuvre une refonte
méditée de l'«épisode» d'Albertine, et jette les bases d'une
herméneutique de l'inachevé : c'est en fonction de la poétique de la
préparation et de l'esthétique du renversement qu'on peut
discerner les horizons du texte. Dénouant pour les renouer plus
serrés les fils de la composition, Proust nous a légué deux
Recherche contradictoires. La tradition éditoriale posthume héritée
de Robert Proust, dont on dresse ici le bilan, a fait connaître la
première. Cet ouvrage commence la critique de la seconde.