Pourquoi Proust s'ingénie-t-il à décrire ce que tout le monde connaît : une clochette qui tinte, des coquelicots, les vagues, une table desservie ? Que signifie pour lui ce verbe apparemment limpide : décrire ? Description et portrait sont-ils des procédures aux formes et aux enjeux sinon identiques du moins analogues ? Ne sont-ils pas, plus fondamentalement, des récits renvoyant à une perception frangée d'émotions, de souvenirs ou de désirs ? Ce serait la raison pour laquelle Proust identifie vocation littéraire et pratique descriptive, rendant ainsi la description particulièrement romanesque : et pour peu qu'on les exhume, ces gisements romanesques de la description renouvellent l'interprétation de la Recherche et des textes qui l'ont précédée.