Psychopathologie du mal
La perplexité de l'expert psychiatre lors de sa rencontre avec les criminels au cours de l'examen judiciaire ouvre une béance dans la rationalité du processus médical et judiciaire, les deux étant fondés sur l'autonomie du sujet et ses aléas existentiels.
Les criminels sont, pour la plupart, des gens normaux tout en ayant commis des actes extrêmes. Ce paradoxe inspire cet ouvrage qui débute par une critique de toutes les causalités admises du crime : la causalité psychique, la causalité sociologique, la causalité biologique.
L'échec de ces détermismes à rendre compte du fait criminel s'explique par un préjugé tenace : le dualisme entre l'intériorité d'un sujet supposé autonome et l'extériorité d'un monde supposé indépendant de ses habitants. C'est l'abord phénoménologique qui peut nous permettre de dépasser cette impasse dans la compréhension du crime. Accepter le crime comme un phénomène situationnel, c'est aussi renoncer à une métaphysique du mal qui serait un absolu transcendant de la condition humaine.
L'ambition de soigner des criminels peut paraître illusoire et cet ouvrage en extrait quelques lignes directrices. La principale est d'ordre éthique : à ignorer le monde du mal aux marges du monde commun, le risque est grand de vouloir ignorer la barbarie qui est une possibilité en chacun d'entre nous.