Les publics des musées sont silencieux. Il reste très difficile
de pouvoir rendre compte de leurs perceptions, de leurs
aspirations, de leurs expériences. C'est cependant au nom du
public que s'opère la transformation rapide des musées en
établissements cherchant à optimiser les relations avec leur
clientèle.
Nous souhaiterions convaincre d'une réalité confirmée depuis
plusieurs décennies d'enquêtes auprès de visiteurs de musées
écoutés à longueur d'entretiens : l'attachement au musée,
l'attachement à l'institution, est robuste, émouvant, fidèle.
Mais les musées souhaitent souvent rompre avec leur
dimension institutionnelle au nom d'une pression qui serait
exercée par ce public.
Ce phénomène est rapide, lourd de conséquences, et
difficilement observable car si les visiteurs se sentent encore
témoins et membres des institutions culturelles, lorsqu'ils
repèrent les signes d'une transformation du «contrat de
communication» entre eux et les musées ils ne protestent
pas, ils restent silencieux, ils font avec. La seule chose qui, à
terme, aura changé, c'est le rapport de confiance, et la
nature des aspirations qui seront investies dans l'institution
muséale.