Pina Totaro est une poseuse de questions. Et si admirative qu’elle soit de l’homme Spinoza et de son œuvre, elle ne les fige jamais, évite bien sûr de les enfermer dans quelque « -isme » que ce soit, forcément simpliste et réducteur, et n’hésite pas à revenir sur les débats et les jugements contradictoires que cet homme et cette œuvre ont suscités jusqu’à nos jours. Elle souligne certes ce qui, de cette pensée, échappe aux contingences du lieu et du temps de sa naissance et de son mûrissement, et ce qui, en elle, nous nourrit encore aujourd’hui. Elle n’en néglige pas pour autant de situer Spinoza dans une histoire complexe, parfois ambiguë, toujours riche. Le « système » spinoziste est une chose. L’atelier de cette pensée-là en est une autre. C’est dans cet atelier que Pina Totaro nous fait entrer. Par quatre portes distinctes : exégèse, vérité, Christ, politique. Je dis quatre portes distinctes, mais qui toutes quatre nous ramènent au cœur d’un spinozisme vivant, en travail, audacieux et fertile. Jean-Christophe Attias