L'orée du millénaire, marquée par l'effondrement de la
première tentative mondiale d'émancipation, s'immerge dans
le pessimisme et la régression. En dépit de l'essor du mouvement
altermondialiste, la leçon essentielle du tragique
vingtième siècle n'a pas été tirée : le socialisme étatique est pis
que le mal capitaliste. Face au totalitarisme marchand qui
oppose tragiquement le Nord et le Sud et détruit la planète,
l'autogestion de l'économie et le dépérissement de l'Etat sont
les seules bases envisageables pour un altermonde solidaire et
son développement durable, désormais indispensables à la
simple survie de l'espèce. De nouvelles utopies rationnelles et
collectivement appropriables sont nécessaires pour qui voudrait
tirer le chaos de l'histoire humaine hors de la fascination
néo-faciste. Elles devront se garder de la facilité social-libérale
comme de son expiation sectaire, combiner altruisme et autonomie.
Le matérialisme critique et la pensée complexe sont les
fondements de cet essor espéré de sciences humaines sensibles
et rigoureuses, dans les domaines de l'éthique, de la politique,
de la pédagogie et de l'urbanisme.