Les crises d'Orient
1768-1914
En ce début de XXIe siècle, le cycle d'instabilités au Moyen-Orient commencé en 2003 et qui s'est accéléré depuis 2011 a pris une dimension particulièrement dangereuse. Et l'on se donne l'impression d'être dans une situation nouvelle. En réalité, le Moyen-Orient a connu, tout au long du XIXe siècle, des crises dites d'Orient.
Dans un jeu d'ingérences et d'implications entre acteurs locaux, régionaux et internationaux, au point que l'on ne sait plus qui manipulait l'autre, ces crises opposèrent des intérêts et des projections culturelles contradictoires, aussi bien des Européens sur les pays dits orientaux que de ces derniers vers ce que l'on appelait le « monde civilisé ». Les États affrontèrent une violence parfois extrême, répondant dans l'urgence par des solutions politiques souvent boiteuses.
Henry Laurens reprend à son fondement cette « question d'Orient » si multiple, liée aux recompositions successives de l'Empire ottoman et du « Grand Jeu » qui opposa, en Asie, Russie et Grande-Bretagne entre la fin du XVIIIe siècle et 1914.