Lucien Rebatet (1903-1972) a publié, au début des années cinquante, Les Deux Etendards, un livre immense que de bons juges - René Etiemble à gauche, Bernard de Fallois à droite - tinrent pour l'une des œuvres majeures du siècle. Mais ils le dirent en solitaires, un peu comme on prêche dans le désert, sans parvenir à rompre une conspiration du silence systématiquement organisée. Pourquoi ce discrédit et ce bannissement, alors que Les Deux Etendards dépassait, à l'évidence, et de cent coudées, le tout venant de la production saisonnière ? Parce que Lucien Rebatet avait été un collaborateur frénétique, ce dont témoignait Les Décombres, son pamphlet vedette, numéro un au palmarès des ventes en librairie sous l'Occupation. Il y avait là une confusion, hélas ! commune, mais intolérable pour les amateurs de littérature. On condamnait un livre qui ne militait pas en faveur d'une idéologie politicienne par haine de la politique que son auteur avait auparavant défendue. Ainsi substituait-on le jugement moral (de moralité civique) au jugement littéraire.
Pol Vandromme n'est jamais tombé dans ce travers. Dès 1968, à l'initiative de Dominique de Roux, il faisait entrer Lucien Rebatet dans la collection intitulée «Classiques du XXe siècle», fondée par Pierre de Boisdeffre.
C'est cette monographie qui est rééditée, aujourd'hui, avec une bibliographie entièrement mise à jour.