On présente souvent Louis de Bonald ( 1754-1840) comme un traditionaliste, partisan de la contre-révolution la plus radicale. Ainsi cet ultra, qui réclamait que la Déclaration des droits de l'homme fût renversée par la « Déclaration des droits de Dieu ». a-t-il été salué par Carl Schmitt comme une des figures essentielles de la théologie politique.
Les Réflexions sur l'accord des dogmes de la religion avec la raison, rédigées dans les années 1810 et restées jusqu'à ce jour inédites, montrent que la théologie politique de Bonald ne se réduit pas à une posture réactionnaire. Son objet propre est la correspondance structurelle de la société religieuse et de la société politique. Ce principe directeur d'une sociologie générale (qui valut à Bonald l'admiration d'Auguste Comte et de Balzac) réclame que la foi montre son accord avec la science de la réalité humaine.
Le manuscrit publié ici fonde la légitimité sociale de la religion dans le pouvoir qu'elle donne à la raison sur les individus. La vérité du christianisme s'établit ainsi sur la triple exigence de la raison : théorique, morale et sociale. La transcendance divine se révèle dans l'autonomie de la raison, car l'impératif moral de la rationalité ne peut s'accomplir que dans la religion de l'amour du prochain.