Don Lope de Aguirre avait dit plusieurs fois que s'il ne pouvait arriver au Pérou, et y détruire et tuer tous ceux qui s'opposeraient à lui, au moins le souvenir de ses cruautés resterait dans la mémoire des hommes et sa tête serait placée sur le pilori, afin que son souvenir ne s'effaçât jamais ; et cela, disait-il, suffisait pour le contenter. C'est ce qui fut accompli à la lettre et son âme alla en enfer où il désirait aller, disait-il souvent, parce que Jules César, Alexandre le Grand et d'autres grands capitaines y étaient, tandis qu'au ciel il n'y avait que pêcheurs, charpentiers et gens de rien. Il fut donc à l'enfer tenir éternelle compagnie à ces illustres guerriers, et il restera de lui le même souvenir que de l'infâme Judas, pour qu'on le maudît et le honnît comme l'être le plus pervers qui soit né dans le monde.
À partir du manuscrit de Francisco Vázquez, voici exposée l'épouvantable et véridique histoire de Don Lope de Aguirre, rebelle à son roi.