République - Bastille
Sous les manifs, la com !
Le 20 janvier 2017, la cérémonie d'investiture de Donald Trump attire, selon les médias, quelque 250 000 spectateurs, six fois moins que Barack Obama huit ans plus tôt. Mais qu'importe ! Le nouveau président déclare : « J'ai regardé et cela avait l'air d'un million, un million et demi de personnes ! »
Si elle a consterné l'intelligentsia américaine, cette exagération n'a pas surpris en France, tant on est habitué dans l'Hexagone au grand écart entre les différents chiffres de participation annoncés à l'issue des manifestations.
Cette divergence ne date pas de l'ère « post-vérité ». Dans les manifs à la française, elle est aussi vieille que les cortèges de protestation. Pourtant l'affluence n'est que l'un des ingrédients qui font leur succès. Au-delà de son mot d'ordre, la réussite d'un rassemblement doit souvent beaucoup à des choix logistiques : date, parcours, ordonnancement, banderoles, slogans, médiatisation, etc.
Comment ces paramètres influencent-ils l'image et la perception d'un mouvement populaire ? En passant en revue, à travers l'histoire et la littérature, les grands mouvements de foule de la vie politique et sociale française, Assaël Adary montre que la manifestation s'apparente à une opération de communication dont il dégage, en professionnel du sujet, les facteurs clés de succès.