Créée en 1994 à Vienne, Restoroute est la huitième pièce d'Elfriede Jelinek qui la définit comme sa « première véritable comédie ». Le sous-titre, L'école des amants, indique la filiation de cette oeuvre avec le Così fan tutte de Mozart et Da Ponte, dont elle est la réécriture burlesque et grinçante. Pour l'écrivain qui se définit comme « une incurable moraliste », l'échangisme apparaît comme l'illustration de « la terreur de la liberté » : une sexualité sans frein où le désir féminin qui se donne prétendument libre cours n'aboutit qu'à une ritualisation grotesque de la performance sexuelle et se mue en une servitude terrifiante.
Animaux, pièce créée à Vienne en 2007, se compose de deux monologues. Dans le premier, une femme bourgeoise mélancolique exprime sa soumission à son amant et aspire à ce que celui-ci use d'elle selon son bon plaisir. Dans la deuxième partie qui, selon les termes de l'auteur, « efface et ridiculise la première », ce désir se trouve pris au pied de la lettre : la prostitution érige l'homme en seigneur et maître, pour qui les femmes ne sont que du bétail.
Dans ces deux pièces violemment satiriques, le jeu théâtral repose sur la puissance subversive du langage qui passe au premier plan et met en évidence la monstruosité du monde contemporain.
Elfriede Jelinek a reçu en 2004 le Prix Nobel de littérature.