Chacun se fait aujourd'hui l'écho de la même rumeur : «Les idéologies sont mortes, et c'est mieux ainsi !» Mais cet avis unanime ne résulterait-il pas de notre empressement à confondre l'agitation brouillonne de l'actualité avec les régularités patiemment mûries par l'histoire ?
La fin des idéologies est une conjecture fragile, qui ne résiste pas à une analyse mieux posée. Aussi, contre l'avis général, convient-il d'anticiper un prochain retour à l'idéologie.
Pour deviner les formes de ce renouveau idéologique, il est proposé ici de remonter aux trois principes fondateurs : individualiste, holiste et personnaliste, qui gouvernent respectivement les trois grandes classes d'idéologies de la Modernité.
Au bout du compte, ce n'est pas seulement la limitation actuelle de la politique à un pragmatisme autosuffisant qui est contestée, mais aussi le rejet de l'idéologie hors de la sphère scientifique. Ainsi que, surtout, l'ignorance dans laquelle est tenue une tierce conception de la vie de l'homme en société, seule capable de dépasser durablement l'alternative proposée par le libéralisme de l'individu et le socialisme du camarade : l'humanisme de la personne.