L'histoire pouvait s'arrêter là. Mais une destinée se joue
souvent à pas grand-chose : quelques secondes de retard,
un geste inapproprié, une rencontre anodine, un incident
idiot. L'histoire aurait pu s'arrêter là si le fils et le mari de
Valentina ne s'étaient pas trouvés sur le pont de Genesee
River ce jour-là, si Charles Cèseran, un jeune photographe
marseillais, n'était pas tombé sur une correspondance
d'Amérique destinée à sa mère, si Marzio Belonore, le
concertiste réputé, ne s'était pas coincé les doigts dans
une porte, si Vittoria Belonore avait pris le volant de
cette Maserati sur le circuit de Tripoli... L'histoire aurait
pu s'arrêter là si Tancredi Crevalcore, condottiere romain,
n'avait pas retrouvé au hasard d'une soirée tout à fait
oubliable le violon de son fils Michele, disparu un quart
de siècle plus tôt.
Philippe Carrese nous offre une grande fresque palpitante
sur fond de montée du fascisme dans l'Italie de la fin des
années 1930, avec un détour picaresque en Abyssinie, sur
les bords du lac Ontario et au coeur du quartier réservé
marseillais de l'entre-deux guerres. Magistral.