L'histoire du rock s'apparente désormais à une gigantesque archive dans laquelle
quasiment chaque recoin du passé est accessible à tous. [...] On pourrait comparer
ces archives à un placard à vêtements où les nouveaux groupes puisent à loisir.
Ceux-ci peuvent opérer des «surimpressions nostalgiques» en superposant des
habits soniques provenant de différentes époques, revêtir des rôles comme on
essaye un costume. Le placard du rock est effectivement plein à craquer, et les
nouveaux artistes résistent difficilement à la tentation d'essayer différentes combinaisons
ou d'effectuer des altérations mineures au lieu de créer des modèles totalement
originaux.
Revivals et remakes, culture pop revisitée, mode et musique vintages, retro
ou hipster, samples à l'infini, recyclages à gogo et nostalgie écrasante... Il
semble que la rétromania soit une des caractéristiques principales, si ce
n'est le phénomène central, de la pop culture d'aujourd'hui, de la musique
en particulier. Si la culture de la citation a toujours existé, à l'heure
de YouTube, de l'IPad et de l'Internet 2.0, elle a pris une importance
jusqu'ici inégalée. Telle est la thèse présentée ici par Simon Reynolds. Et
de s'interroger : ces formes de la nostalgie bloquent-elles le chemin à
toute créativité ou bien nous retrouvons-nous nostalgiques précisément
parce que notre époque viendrait à manquer d'élan créatif ? Rétromania
est un ouvrage de référence pour repenser un rock qui s'épuise à force
de se parodier.