Le mythe américain ne naît pas à la Libération. Depuis la fin du xixe siècle, les États-Unis sont perçus par les Français comme la terre de la modernité et il est devenu presque banal d’aller y observer les scènes de la vie future. Mais de la fin de la Deuxième Guerre mondiale au milieu des années 1950, les circonstances vont donner au modèle américain une importance sans précédent. Comment arracher la France, ruinée par la guerre, à la pauvreté et au déclin menaçant sinon en s’inspirant de l’exemple des États-Unis ? Plus que jamais, il faut donc imiter l’Amérique, d’autant que la prospérité de la nouvelle Terre promise s’accompagne d’une liberté qui, pour n’être pas dépourvue de failles, n’en contraste pas moins avec le totalitarisme stalinien. Mais l’admiration pour les États-Unis n’est pas universelle et l’antiaméricanisme du puissant parti communiste va déboucher, dans le contexte de la guerre froide, sur une condamnation globale des États-Unis et de leur civilisation.