3. Rites de passage et transgressions
C'est sous la protection vigilante d'Artémis, divinité des
marges et des transitions, que les enfants grecs font l'apprentissage
de l'identité sociale et de l'altérité, fillettes mimant le lent trajet qui
les mènent de la foncière sauvagerie de leur sexe à la civilité de
la bonne épouse, garçons s'initiant à repérer tous les excès afin
de reconnaître et de rejoindre la norme de la citoyenneté. Enfance,
adolescence, âge adulte : le jeune Grec s'arrache à la nature à
travers une série de rites et de procédures symboliques.
Mais comment comprendre que, dans un univers de
contraintes sociales si réglées, l'homme grec efface, au cours
de rituels transgressifs, les frontières séparant l'animal de
l'homme, l'homme des dieux ? Pourquoi s'ingénie-t-il à brouiller,
lors des fêtes dionysiaques, les rôles sociaux, les sexes et les âges ?
Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, dans une série
de contributions aujourd'hui classiques, ont restitué à l'ensemble
de ces pratiques sociales leur cohérence, dévoilant de façon
décisive l'univers intellectuel, symbolique et institutionnel des
anciens Grecs. Les voici réunies.