Robespierre n'a pas écrit sur la Révolution : il l'a
vécue, il a été emporté par son mouvement et lui a
sacrifié son existence. Sa pensée politique - c'est là
son originalité - est, comme l'explique Labica, pensée
de l'inédit, produite au moment où elle se joue.
Une politique de la philosophie donc, ou quand les
actes sont immédiatement responsables devant les
principes, et vice versa. Car Robespierre fut aussi un
pragmatique : attentif aux rapports de force, parfois
bousculé par les événements, il a cherché, inlassablement,
le parti du peuple, de la démocratie et de
l'égalité. Préserver et continuer la Révolution envers
et contre tout, c'est l'exigence qui maintient la cohérence
de son action et de ses prises de position sur
la guerre, la mort du roi, la religion... Quand il est
question de Robespierre, les jugements passionnels
l'emportent souvent sur la rigueur et l'honnêteté.
Écrit dans la tourmente du Bicentenaire, ce livre nous
rappelle qu'il fut, avant tout, un homme de son temps.
Temps révolutionnaire qui exigeait il est vrai «le courage
de la pensée». De là la «dignité philosophique»
de Maximilien Robespierre, de là aussi l'infirmité de
nombre de ses détracteurs, passés et actuels.