Ronde des convers regroupe des poèmes composés entre 1999 et 2004. Il s'agit du premier livre d'Eugenio De Signoribus traduit en français. Publié en 2005, il a été tout de suite salué par la critique italienne comme un authentique chef-d'oeuvre où convergeaient, en densité et en intensité, les différentes tonalités de ce grand poète - le plus grand, peut-être, de sa génération.
Ronde des convers offre les images et les paroles des convers et ce recueil vibre tout entier d'un questionnement opiniâtre et douloureux. Nul piétisme dans cette sobre souffrance, car ce à quoi le convers est appelé à se convertir c'est à la pureté de la vie nue, à l'exposition même de sa nudité.
La « ronde » désigne l'ensemble des humains pris dans leur voyage. Comme des enfants, ils font la ronde, formant un cercle dont le centre est absent. La ronde offre alors l'image de la communauté décentrée, vouée aux terres « démantelées » ; elle indique, sans tonitruance, une politique à venir : un lien choisi, délibéré, main tendue et mains jointes.
La vision de cette ronde d'enfants ne saurait cacher une dimension plus littéraire : car Ronde des convers s'inspire avec soin du pèlerinage dantesque. C'est à la fois l'image du poète pèlerin et celle des cercles de l'enfer que De Signoribus reprend à Dante. On dirait volontiers de ce poète qu'il est le « pèlerin de la face nue ». L'espace de son pèlerinage est le langage lui-même. C'est de tels livres que le lecteur de poésie a besoin aujourd'hui, et, au-delà, tout homme inquiet de formuler sa position dans la langue et le déchiffrement du monde.
La poésie ne répond pas aux injonctions de l'époque. Elle transforme l'époque en injonction.