Les Poëmes, que Pierre de Ronsard rassemble dans le tome III de la première édition collective de ses Œuvres (1560), n'ont pas toujours eu bonne presse. À l'exception de quelques éditions critiques et d'articles, on ne dispose d'aucune étude d'ensemble sur les Poëmes. Le présent ouvrage les étudie comme le lieu de l'engendrement, de la création poétique au cours de laquelle Ronsard tente d'atteindre la plénitude au moyen d’analogies et de contraires. Ils sont ainsi analysés dans les recueils séparés où ils sont apparus (du « Bocage » des Odes de 1550 aux Sixiesme et Septiesme livres des Poëmes de 1569), puis dans leur évolution au sein des éditions collectives des Œuvres. Dans cet espace nouveau, les thèmes acquièrent un sens inédit, les formes poétiques mises côte à côte affichent leurs écarts pour constituer une orchestration singulière. Les remaniements continuels que subissent les Poëmes sont caractéristiques de la conception que Ronsard se fait de la poésie : l'expérience d'un ordre esthétique qui régit le désordre du monde.