La formation d'ethnologue d'Ina Césaire constitue le
fondement de sa création littéraire et dramatique. Native
de la Martinique et à l'écoute de la mémoire vivante de son
pays, elle a enregistré, traduit et analysé des contes créoles
pendant plus de vingt années et a étudié les discours oraux
du registre populaire liés aux pratiques ordinaires comme
aux grands rituels de la vie et de la mort. Du conte à composantes merveilleuses
ou irrationnelles au récit spontané, le passage est ouvert à la
théâtralisation. C'est par son travail sur des récits de vie qu'Ina Césaire
s'est d'abord initiée à la création dramatique, marquée tant par son humour
bienveillant que par son regard critique et constructif.
Le présent volume offre un ensemble fort diversifié de pièces allant du
bref monologue à la suite de tableaux historiques, du théâtre de rue humoristique
au fait divers pathétique, groupées en quatre pôles thématiques.
Échos du volcan est axé sur Saint-Pierre de la Martinique et la catastrophe
de 1902. Ce premier regroupement comporte quatre pièces sur le
thème de la montagne Pelée, volcan dont la masse imposante a créé autant
de peurs bien réelles que d'évocations imaginaires.
Chroniques insulaires : on trouve ici l'évocation de plusieurs pans de
l'histoire caribéenne et de personnages qui l'ont marquée : la rebelle du
Sud martiniquais, Rosanie Soleil, le révolutionnaire «mythique» d'Haïti,
Toussaint Louverture, les navigateurs, les esclaves et les colons en Martinique
au XVIIe siècle.
Gens d'ici met en scène la vie trop souvent ignorée de ceux qui font le
monde actuel : les gens du peuple qui travaillent, qui luttent, qui souffrent
ou qui sont heureux, sans d'autres hauts faits que ceux de la transmission
des valeurs et de l'autocritique permanente, élément caractéristique de la
culture créole traditionnelle.
Zones d'ombre veut lever une partie du voile qui masque les non-dits
de la société martiniquaise en évoquant certaines des déviances contraignantes
ou douloureuses qui, souvent d'origine historique, pèsent encore
sur le pays : désagrégation du consensus social, heurts familiaux, violences,
incommunicabilité et solitudes modernes.