Saïda/Sidon et Baalbek/Héliopolis
Saïda/Sidon la Phénicienne et Baalbek/Hélipolis la Gréco-romaine : deux villes millénaires de l'actuel Liban. L'Histoire percute ici la géographie en un choc mémorable. A travers un récit coloré et vibrant, la narratrice évoque ces deux lieux initiatiques où elle vécut son adolescence, l'éveil des sens et les tiraillements du bilinguisme à travers la révélation de la création littéraire. En un va-et-vient nostalgique, elle met en scène sa mémoire et convertit le passé en un présent durable. Ainsi, équipée de son regard intérieur, elle relate au jour le jour son immersion dans la pulsation historique de Saïda, l'ancienne cité-royaume de Sidon. Dans les années 1950, la ville demeurait le symbole de la coexistence islamo-chrétienne et judaïque. C'était le temps de « la communion des pains », du côtoiement quotidien des jeunes musulmanes, des pensionnaires du collège Saint-Joseph de l'Apparition et des gracieuses écolières de L'Alliance juive. Et toujours persistait en fond sonore, le ressac des flots sur les pierres du Château de Mer, tandis que la fillette se faufilait dans le lacis des souks labyrinthiques...
Dans la deuxième partie, l'approche de Baalbek, sa seconde terre natale, procure à l'auteure l'impression d'avoir vécu des instants magiques grâce aux longs séjours d'été dans la demeure familiale. La maison de sa grand-mère Souraya s'ouvrait sur les vestiges de l'Acropole où se rendait la vacancière, accompagnée de son père, ses soeurs ou cousines. Temples de la cité des dieux : Jupiter, Bacchus, Mercure, Vénus ! A ses yeux, Baalbek et ses entassements cyclopéens de marbre s'identifie à la capitale secrète de la Mémoire : « J'y accomplissais un travail de stockage, conservant du visuel ce qui pourrait me restituer, quelques années après, une sorte de réalité immatérielle. »