Sali
Salomon Malmed est né en 1935 à Saint-Quentin dans l'Aisne de parents juifs récemment émigrés d'Europe de l'Est. Son père décède de maladie alors qu'il est encore en bas-âge. Sa mère, Genia Kibel, le confie dès 1940 à l'Oeuvre de secours aux enfants (OSE) qui le soustrait aux persécutions dont sont victimes les Juifs. Elle devient sa seconde famille. De maison d'enfants en maison d'enfants, il connaît - ainsi qu'il le décrit avec justesse et sensibilité, la vie insouciante d'un enfant trop jeune pour prendre conscience du danger qui l'entoure. Ce n'est que plus tard, lorsqu'il est placé d'institutions en familles d'accueil, qu'il connaîtra la peur.
Au sortir de la guerre, Sali - prénom qu'il a reçu durant le conflit et auquel il reste attaché - est orphelin : sa mère et son compagnon ont été exterminés à Auschwitz. Il découvre alors une partie de sa famille paternelle. Ballotté de cachette en cachette, perturbé et sans repère, l'enfant ne parvient pas à s'intégrer à cette famille qu'il rejette, s'y sentant mal accepté. Il la quitte à vingt ans, pour devenir, au gré des aléas de l'existence, cet homme pétillant et résolument tourné vers la vie.
Sali dit n'avoir pas vraiment été malheureux pendant la guerre au regard du destin tragique de tant d'autres. Aussi a-t-il longtemps hésité avant de livrer son témoignage, avant de comprendre et d'accepter le caractère emblématique de son histoire, celle de tous les enfants cachés. C'est aussi pour lui l'opportunité d'exprimer sa profonde reconnaissance à l'OSE à qui dit-il devoir la vie.