Peut-on établir un parallèle entre les sciences de la nature et les
sciences humaines comme l'économie ?
La tentative est hardie et le résultat n'est pas garanti, car les unes
et les autres n'appartiennent pas au même système de pensée.
En outre, certains économistes ont voulu importer dans leur
discipline des concepts nés dans le domaine des sciences dites
«exactes», de façon à leur donner une connotation plus scientifique.
Ce fut un échec.
Malgré tout, les immenses progrès réalisés depuis le début du XXe
siècle, d'abord en physique, puis en biologie et enfin en neurosciences,
ont eu un tel impact sur notre univers mental et sur notre manière
de concevoir le monde que les sciences humaines ne pouvaient pas
en sortir indemnes. Des notions aussi fondamentales que le temps,
l'espace, la vie, la pensée, l'ordre, l'évolution, l'équilibre ne peuvent
plus désormais être conçues comme elles l'étaient auparavant, et
l'économie, de même que les autres sciences humaines, en a été
profondément transformée.
Il restera malgré tout une différence irréductible entre les sciences
de la nature et les sciences humaines, car - Descartes l'avait déjà dit -
la conscience de l'être humain, sa pensée, demeure rebelle à toute
tentative de formalisation.