Dans le contexte de la crise environnementale, la thèse est aujourd'hui bien connue : les sciences modernes en produisant une seconde nature abstraite et autonome, conquérante et prédatrice, nous auraient éloigné du monde sensible et d'une conception plus équitable de la nature. Si l'on veut cesser de voir dans les sciences un problème de la modernité, il faut se dégager de ces explications et revenir aux origines de ces récits, à savoir, l'ancien régime, avant que le grand récit de la modernité scientifique soit définitivement noué. En privilégiant une définition généreuse des sciences, en rematérialisant les pratiques scientifiques, en nuançant l'absolutisme naturaliste, en adoptant un cadre plus global, cet essai souhaite proposer une autre vision de l'enquête scientifique, moins arrogante ou discriminante mais ouverte sur d'autres possibles. Il est temps de procéder à une levée d'écrou historiographique si l'on veut libérer les interprétations des sciences du passé. En renouant le dialogue avec l'anthropologie, ce livre invite l'histoire des sciences à se refonder sur d'autres bases, plus humanistes.