Ségolène Royal, le 16 novembre 2006, n'a pas écrasé les
éléphants et n'a opéré aucun hold-up. Le parti n'a pas été
conquis de l'extérieur et la gauche n'a pas exprimé un désir de
droite. Ce ne sont pas les sondages qui l'ont imposée et la
«démocratie d'opinion» ne l'a pas emporté sur la «démocratie
militante». Ce n'est pas l'image de la femme qui a séduit. Les
raisons principales du choix des militants socialistes sont, selon
l'auteur, les suivantes : elle a paru leur offrir une vision du
monde originale et a comblé leur désir de voir proposer un
nouveau modèle politique. La vision du monde de Ségolène
Royal, centrée autour de la notion d'«ordre juste», est inspirée
de celle de Jean Jaurès : le personnalisme humanitariste que l'on
peut considérer comme un nouvel humanisme et qui place
l'égalité et la solidarité au fondement même de la morale et de
la politique. «Le socialisme, écrit Jaurès, peut être défini : une
Révolution morale qui doit être servie et exprimée par une
révolution matérielle.» A propos du socialisme et de Ségolène
Royal, les deux thèmes à retenir sont donc : révolution morale et
révolution matérielle. Concernant le premier thème, elle
demeure fidèle à Jaurès ; il n'en est pas tout à fait de même pour
le second : le royaljaurèsisme n'est concevable que s'il s'écarte
de la social-démocratie et s'attache à l'élaboration d'un nouveau
modèle de socialisme.