Réaliser une biographie c’est transfigurer l’homme. Faire ressortir de l’homme ordinaire ce qui le rend extraordinaire. Non pour trafiquer la vérité mais pour la magnifier. Chaque humain a une part de singularité extraordinaire qui le différencie d’autrui. C’est cette singularité dans l’ordinaire que le biographe doit trouver. En cela le chemin emprunté peut devenir un chemin de vérité.
J’ai choisi d’ancrer mon récit dans la chambre d’hôpital de Serge, au crépuscule de sa vie et d’associer mon écriture à l’errance de ses souvenirs qui ont dû le parcourir durant ses derniers jours. À l’image de ses souvenirs, ma biographie est donc une série de promenades erratiques sur les nombreux chemins de la vie de mon père. Comme la pensée et les souvenirs vagabondent sans structure ni projets, mon écriture a fait de même sans aucune volonté chronologique ni intentions prédéfinies. Le résultat est un exercice biographique libre et subjectif qui est le fruit d’une rencontre, alliée à mon plaisir d’écrire. Il se veut à l’image d’un homme qui se remémore des instants de sa vie. Les images qu’il en reste sont incomplètes et sélectives à l’instar de la mémoire. J’ai juste tenté de dépeindre ses images en y mettant un maximum de couleurs et de lumières à l’image du peintre ou du photographe.
J’ai donc choisi de voir la vie, sa vie, avec ses yeux. Des yeux d’artiste, de peintre, de sculpteur et surtout de photographe. C’est donc une rencontre principalement kinesthésique. Un parcours d’artiste. Un chemin initiatique. Une rencontre par l’art, essentiellement centrée sur le goût de la vie, le plaisir du beau qui recèle en lui tous les germes d’espérance qui ont fait que Serge a toujours rebondi, nourri par la Foi en la vie et en la confiance.