Vingt histoires de mortels, comme auraient dit les Grecs :
vingt histoires de femmes et d'hommes, de tous âges, de tous
milieux, de tous pays, de toutes époques, sous la lumière très
douce ou très violente de la mort. Avec, après chacun de ces
textes, avant celui qui suit, une autre histoire, toujours la
même, toujours recommencée, entre deux personnages d'aujourd'hui,
un homme, une femme, comme un roman par lettres
- ce sont des lettres d'amour, ce sont des lettres d'adieu - à
celle qui est partie dans le ciel d'Osaka, il y a quelques jours, et
qui n'est pas revenue, et qui ne reviendra pas... Cela fait comme
une basse continue, qui assure l'unité de l'ensemble, si savamment
construit, qui le justifie, par sa fin, jusqu'à en faire un
roman véritable, dont on ne sait plus, dans les dernières pages,
si celui qui écrit ces lettres est l'auteur ou le personnage, qui
aurait tressé ces morts (réelles ? imaginaires ?) pour les offrir,
comme un bouquet, comme un tombeau, à l'absente définitive,
tellement vivante, tellement aimée, tellement irremplaçable, et
qui vient de mourir, comme tous les autres, et qu'aucune tombe
jamais ne pourra contenir...
André Comte-Sponville