“De la maternelle au baccalauréat, l’école est mixte, les enfants sont élevés ensemble, sur des programmes communs, avec des examens communs. Il est révolu le temps où, pour obtenir le certificat d’études, les filles devaient subir une épreuve de couture et les garçons de travaux manuels. À la majorité, qui est la même pour tout le monde, il n’y a plus en France de service militaire. Tous les citoyens de plus de dix-huit ans ont le droit de vote et paient leurs impôts de la même manière. L’instauration, en 2013, du mariage pour toustes a supprimé le dernier bastion où la différence des sexes pouvait faire sens: aujourd’hui, nos concitoyens et concitoyennes se marient avec la personne de leur choix, à l’exception de leurs consanguins. Ainsi, dans de multiples composantes de la vie publique la République se passe très bien de connaître le sexe des individus. Pourtant, on le fait toujours figurer à l’état civil. Au nom de quoi?”
Lancée lors d’une morne campagne présidentielle, l’idée fit son chemin. Et si cet hurluberlu d’Ulysse Riveneuve avait raison? Si le grand problème de l’égalité femme-homme tenait à un si petit détail? À la fixation sur une identité sexuée au demeurant accessoire et sans pertinence pour les actes de la vie civile...
Les médias avaient besoin de nouveau grain à moudre, ils se jetèrent sur la proposition. Et c’est ainsi que les dirigeants politiques et les médecins, juristes, féministes, virilistes, philosophes et psychanalystes, religieux de tous bords et anonymes de tous poils s’engagèrent passionnément dans le débat, et que le vieux pays, arraché à sa morosité, ouvrit au monde la voie de l’égalité universelle.