Si le soleil s'en souvient
Dans ce roman vrai, un narrateur revisite son adolescence pendant les derniers jours d'une Algérie encore française quand, sous un soleil trompeur, la violence, la haine et la folie des hommes s'y déchaînaient.
Tout commence en 1960, dans une petite ville des hauts plateaux, avec l'inauguration d'un cinéma trop luxueux pour ce monde en sursis. On doit y projeter Moby Dick, le film de John Huston tiré du chef-d'oeuvre de Herman Melville, mais le racisme local, peu familier des baleines blanches, aura vite fait de transformer ce titre à la faveur d'un lamentable jeu de mots aux sanglantes conséquences. À partir de cette scène primitive, tout se tisse ici d'allers-retours entre hier et aujourd'hui.
Sur ce manège de mémoire, on rencontrera Churchill et un certain Omar-le-fou, Camus et Assuérus, de Gaulle et Giono, Sartre et des djinns, Lacan et un Berbère bientôt islamiste, un légionnaire hollandais et, bien sûr, Herman Melville - qui ne se prive pas de rendre quelques visites oniriques au narrateur afin d'en savoir davantage sur cette étrange guerre d'Algérie.
Ce roman n'est pas l'évocation d'un paradis perdu. Il convoque plutôt un enfer lumineux, un concentré d'injustices, d'aveuglements, de fausses allégresses, d'exils imminents.
C'est l'éducation sentimentale, érotique, littéraire et politique, d'un adolescent qui s'égare et se retrouve en parcourant en tous sens le chemin qui le sépare de l'adulte qu'il va devenir.