Dans la lignée des star studies initiées par Richard Dyer,
Susan Hayward explore tous les aspects de la persona de Simone
Signoret à travers sa longue carrière cinématographique (45
films dont 32 dans un premier rôle), dans le contexte français
et international de l'après-guerre aux années 1980. L'intrication
de sa célébrité personnelle avec celle de son compagnon Yves
Montand et son engagement politique marquent les images de
féminité moderne qu'elle incarne, depuis la beauté fascinante
ou menaçante des années 1950 (Casque d'or, Manèges, Les
Diaboliques) jusqu'à l'humanité pathétique de Madame Rosa
dans La Vie devant soi (1977), en passant par la sensualité
tragique des Chemins de la haute ville (1959). Son engagement
se marque non seulement dans ses films (Rude journée pour la
reine, 1973), mais surtout dans la façon totalement inédite dont
elle assume son vieillissement, à une époque où les actrices
sont évacuées des écrans ou réduites aux utilités dès qu'elles
passent la quarantaine. Elle est la première star à avoir affirmé,
à travers ses rôles, son corps et son jeu, la capacité des femmes
à être toute leur vie sujets de leur propre désir.