Nous avons aimé les rails serpentant
entre les fermes isolées au beau milieu
de la steppe où un campement,
parfois, alertait le regard. Les lits des rivières
à sec, les hangars détruits, la poussière du
vent, les herbes maigres. Retrouvant ici ou là,
sous d'autres traits, le visage de l'Absent ou
celui de Mère qui m'accompagna toujours
dans ces sortes de vagabondages où je trouvais
mes libertés, d'insolites ferveurs. Qui part et
pourquoi ? Pour quel mirage ? Pour quelle
preuve ? Abandonnant les joies étouffantes
du Pays natal. Écrire, oui, c'est arracher, c'est
s'arracher aux anciens paysages, à ces liens
que l'on pensait indestructibles. Vers la steppe,
oui, depuis toujours ce désir aveuglant,
l'aveuglant désir de repousser l'horizon, de
danser sur la terre, la tête au vent.