L'exclusion cristallise aujourd'hui l'ensemble des peurs et se présente comme le «problème social» à traiter. Discours politiques, actions militantes et productions académiques fleurissent sur ce nouveau «terrain» de la question sociale. Dans la France contemporaine, l'exclusion se présente ainsi sous le jour d'une catégorie «bonne à penser».
Il reste que le discours en termes d'exclusion est de prime abord grevé d'imprécisions sémantiques et véhicule une charge affective impropre à orienter l'analyse objective. C'est pourquoi nombre de sociologues se sont attachés à développer des alternatives conceptuelles au «paradigme de l'exclusion».
L'objet de cet ouvrage est d'entreprendre une réflexion critique sur les discours sociaux et les productions sociologiques relatifs à l'exclusion. Il s'agit notamment de relever les implicites du raisonnement, les écueils théoriques et les démentis empiriques qui confèrent, dans ce cadre, un pouvoir explicatif limité à l'exclusion.
Une approche en termes de «configurations excluantes» et de «mondes de l'exclusion» est proposée pour lever le caractère incertain de la notion courante. Cette démarche participe du souci de stabiliser une définition de l'exclusion susceptible d'organiser un nouveau champ d'investigation sociologique.