Produire, échanger et consommer autrement ! Tel pourrait être le slogan du commerce équitable, de l’agriculture biologique ou des circuits courts de proximité, que la recherche nomme les « systèmes alimentaires alternatifs ». Dans la pratique qu’en est-il ? Ne voit-on pas plutôt se développer des formes d’industrialisation de l’agriculture biologique ? Que penser de l’introduction de produits locaux ou équitables dans les offres des multinationales de l’agroalimentaire et de la distribution ? Les chercheurs ne devraient-ils pas écarter le terme d’« alternative » qui oppose de manière binaire les initiatives alternatives et les conventionnelles ? Issu d’un cheminement de recherche d’une quinzaine d’années, cet ouvrage apporte des réponses précises et étayées à ces interrogations. En s’appuyant sur la sociologie des agencements marchands issue de la théorie de l’acteur-réseau et sur la sociologie de l’action organisée de Reynaud ou Friedberg, l’auteur définit un cadre d’analyse permettant de rendre compte des projets qui inspirent les systèmes alimentaires alternatifs et des activités de régulation qui leur donnent vie. À travers de nombreuses études de cas, issues d’enquêtes de terrain menées sur le commerce équitable et les circuits courts de proximité, il donne à voir la « promesse de différence » motrice de ces démarches, les réorganisations engagées pour la mettre en action, et le caractère inégalement transformateur des agencements établis.