Soleil trompeur
Iter ou le fantasme de l'énergie illimitée
« Mettre le Soleil en boîte » ! Tel est le rêve aux résonances prométhéennes des promoteurs d'Iter, un réacteur nucléaire expérimental situé à Cadarache, en Provence. Un projet inédit de fusion (réaction libérant de l'énergie, à l'image de ce que fait naturellement le Soleil), et non plus de fission (éclatement de noyaux d'atomes d'uranium), auquel participent les États-Unis, la Chine, la Russie, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud et l'Union européenne. Pour ses défenseurs, rien de moins que la promesse d'« une source d'énergie propre et quasiment inépuisable ». Pour ses détracteurs, une chimère scientifique doublée d'un gouffre financier : au minimum 40 milliards d'euros, dont près de la moitié à la charge des contribuables européens.
Dans une enquête très documentée, l'auteure raconte les origines politico-diplomatiques du projet sur fond de détente américano-soviétique, met au jour les mensonges des lobbys industriels, relaye les doutes d'éminents scientifiques quant à la faisabilité et à l'utilité d'Iter, alerte sur ses dangers, dévoile des pratiques de sous-traitance contraires au droit du travail... Elle souligne enfin que ce programme de très long terme (opérationnel en 2035 au mieux) entre en contradiction avec les défis du réchauffement climatique, et propose un scénario de réaffectation des crédits vers l'efficacité énergétique et les renouvelables.